Quelques bouts rimés ...

Tout est dans tout... Et réciproquement !

mardi 25 septembre 2007

Loreleï.


.....Je ne sais pas ce que veut dire, en moi cette tristesse si grande !


L'atroce stridulation des trains sur tes deux rives
Loreleï ! A rayé ton chant mélodieux.
Et les eaux de ton père le Rhin majestueux
Sont violées par des flottes barbares, agressives.

Réfugiée sur ton roc, dans ce passage étroit,
Les bateaux plats te frôlent chargés de détritus
Dans ce monde émergeant que tu ne connaît plus ,
Ton monde à toi est mort, depuis longtemps déjà.

Mort, l'esprit germanique et ses preux chevaliers.
Oubliée, la légende de la belle sirène,
Comme le Rhin romantique aux valeurs perennes.
Perdue, la foi d'un peuple en ses Dieux coutumiers
.
Bobi 09 07.

samedi 15 septembre 2007

La petite plage.



à Mamie...

J'aime cette petite crique quand vers cinq heures du soir,
La laisse de basse mer découvre les coquillages,
Et qu' un petit noroît en soufflant de la plage,
Fait que la mer semble un million de miroirs.

Ce brûlot aveuglant est parfois occulté
Par le bref passage d'un petit nuage rond
Sur l'horizon chargé des obliques rayons,
Comme pour une "Pentecôte", aux vernis craquelés.

La vue partant de droite est bloquée tout à coup
Par les enrochements du port de pêche tout proche.
Mais presque au ras de l'eau, le regard accroche
Un peu de l'île de Ré : La fin de Rivedoux

Puis en tournant la tête : Chauveau et son grand phare.
Ensuite le Lavardin et dans le fond Antioche,
Pointe de Chassiron et sa côte de roches,
Tournant la tête encore: Plein sud c'est Fort Boyard !

A gauche du vaisseau de pierre, c'est l'ile d'Aix,
Qui se perd dans la mer qui rempli l'horizon.
On voit quelques points noirs là bas vers Oléron.
Ce sont de gros cargos mouillés sous Rimenaix.

L'arène éclaboussée d'argent est piquetée
De triangles penchés, tous bâbord amurés,
Ce sont les bateaux blancs qui rentrent s'amarrer
Dans le port des Minimes, en cette fin de journée.

La plage est très petite mais elle est naturelle,
Elle s'est imposée lors des travaux du port
Une année c'est du sable, une autre sans effort
Montre de beaux cailloux, comme un jeu de marelles.

Lorsque à la fin d'août se finit le tapage
De la horde estivale, alors vont s'y baigner
Les gens d'une cité célèbre juste à côté,
L'avez vous reconnue cette petite plage ?


Bobi 09 07

jeudi 13 septembre 2007

Oh Non.

à Onan.

Pourquoi fais tu semblant de ne pas la connaître ?
En détournant la tête ignoble polisson.
Cette dame en grand deuil frappée d'un Parkinson
Tu là connaît pourtant ! Sale cochon Vilain traître !

Elle est connue partout, elle ne peut pas vieillir
Elle a accompagné tes jeux d'adolescent
Elle t'aide encore un peu, ton âge s'avançant.
Hypocrite lecteur ! Arrête de rougir !

Elle perdit son mari très jeune, c'est pas dommage
Et son prénom je crois est bien Félicité.
Le nom de son conjoint, je suis sûr c'est Poignet.
C'est à la veuve Poignet que je rends cet hommage !

Oui ! Sublissime veuve, soit bénie en effet
Pour ces satisfactions, sans risques, sans lendemains,
Ces plaisirs solitaires, travail fait à la main.
Ouvrage d'artisan. Que vive la Veuve Poignet !

Bobi 09 07

vendredi 7 septembre 2007

Le cimetière d'Arradon.

....le juste opposera le mépris à l'absence


Dans un petit village du golfe du Morbihan
Par un matin mouillé, dans la brume immergé
Quand on respire l'eau et l'air mélangés
Nostalgie de ce temps ou nous étions enfants.

Dans le beau cimetière aux calvaires de granit
On enterrait Annick, morte d'une maladie
Attribuée au tabac. Mais vous m'avez compris
Il y a des mots tabous : prononciation proscrite !

Un sonneur de biniou, soufflait sur l'assemblée
Une musique celte : une musique fière
Le Génie d'une race dans ces notes guerrières
Un "Guen ha Du" couvrait le cercueil mouillé.

Lorsqu'elle fut descendue dans sa terre natale
Son fils à sa demande jeta quelques Gitanes
Elle l'avait exigé. Dans ce geste profane :
Pied de nez à la Mort, défi transcendantal !

Je veux garder l'image de cet enterrement
Complicité du temps, sobre jeu du sonneur
Simplicité des gestes, estompe des couleurs
Comme sur le drapeau : seulement Noir et Blanc .

Noir pour le deuil bien sûr, et noir pour la douleur
De ceux-là qui mesurent autour du catafalque
Le crédit de leur vie, que chaque année défalque.
Et blanc pour le panache ! Repose petite soeur !

Bobi 09 07.

dimanche 2 septembre 2007

Les vieux.

celui des deux qui reste se retrouve en enfer ...

Ce dimanche dernier je suis passé aux "Blés"
C'est le nom de l'endroit ou Mamy est logée
C'est l'asile moderne très bien administré
Une pension très chère, nourriture très soignée.

Dans le petit journal, que tiennent les pensionnaires,
J'ai vu que l'on avait fêté précédemment,
L'anniversaire de ses quatre vingt dix huit ans
Champagne, petits gâteaux, supplément d'ordinaire.

Mamy était contente de me voir, mais la fête
Elle l'avait oubliée et moi je me suis dit
Que c'est un don du ciel qui veut que l'on oublie
Les évènements qui fâchent, qui vous prennent la tête.

Sinon quels souvenirs viendraient à sa mémoire ?
Le vide de ses enfants ? L'absence de leurs petits ?
Qu'elle ne reconnaît plus ! Il faut dire aussi
Qu'en quatre ans ils changent ! Quand ils passent vous voir !

Les vieux sont déjà morts quand ils rentrent à l'asile
Ils s'entraînent donc alors a tout oblitérer.
C'est pour ne pas souffrir d'avoir à supporter
De n'être plus vivants, de n'être plus utiles !

Ô vous les jeunes gens ! Faîtes donc l'aumône
D'un peu de votre temps quelque fois dans l'année,
Pour apporter à vos anciens, abandonnés
Un petit peu de ciel à ces pauvres fantômes !

Quand ils seront partis il sera temps de dire :
Maintenant c'est trop tard, mais j'étais occupé !
Cette légèreté, je vous jure, vous pourrez
Le reste de votre vie, passer à la maudire !

Bobi 06 07.