J’ai, dans une autre vie été marchand d’oiseaux.
J’étais spécialisé dans les oiseaux parleurs,
Menâtes, perroquets, perchés sur des roseaux,
Offrant un choix varié aux multiples couleurs
Dans une cacophonie de folles criailleries
Qui donnait l’impression de propos cohérents,
De violentes disputes et même de railleries.
C’est ainsi qu’un beau jour je reçois un client
Qui me dit tout de go : Je cherche un volatile
Qui pourrait compléter un beau jardin d’hiver
Par son apparence et ses couleurs subtiles
Et si c’était possible un bon vocabulaire.
Eh bien ! Lui dis-je alors, j’ai un bel oiseau vert
Doué d’une mémoire assez phénoménale
Il se souvient de tout et il n’est pas très cher
Il saura répéter vos phrases les plus banales.
J’ai aussi celui-là dans sa très belle robe
Il est un peu plus cher mais a un bel accent
Tout droit sorti d’Oxford, c’est un perroquet snob
C’est l’oiseau idéal pour un jardin décent !
Je lui en montrais d’autres de plus en plus coûteux
A cause de leurs talents, parlant grec ou latin
Déclamant du classique en vers rocailleux
Textes ésotériques, citant Saint Augustin !
Enfin nous arrivâmes au fond de ma boutique
Où somnolait Maurice, mon ara favori,
Vautré sur son perchoir, un être pathétique
Une boule de plumes aux tons indéfinis,
Poussiéreux, l’œil éteint, avec un air chafouin.
Son gros bec mité, un pauvre oiseau des îles
Ressemblant en tout point à une boule de foin !
De celui-là, dit l’homme, que m’en coûterait-il ?
Mais rien, lui répondis-je, car il n’est pas à vendre
Il n’a aucun talent, il ne sait pas parler
Il ne sait pas chanter, il est gris comme cendre.
Mais les autres oiseaux ar^rtant de chanter
L’appellent tous « Patron » avec déférence !
Bobi 04 2010
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