Quelques bouts rimés ...

Tout est dans tout... Et réciproquement !

mercredi 18 juillet 2007

Un bateau nommé Ankou.


à Christian resté en route cette nuit là ...

Le grand paquebot noir appareille pour la nuit.
Les plateaux des repas sont tous débarrassés,
Les drogues pour dormir sont bien distribuées
Aux patients turbulents : Sommeil garanti !

Désormais le vaisseau navigue dans le noir.
Chichement éclairées de lumières blafardes
Les coursives sont vides, à part quelques gardes,
A moities endormies veillent sur ce grand dortoir.

Le silence est troublé par le bruit des dormeurs,
Gémissements de douleur aussitôt étouffés,
Ronflements de patients au sommeil agité,
Derniers souffles discrets de pauvres gens qui meurent .

A sept heures du matin le bâtiment murmure,
D'abord c'est l'arrivée du personnel de jour.
Puis les chariots cliquettent, infirmières autour,
Prenant du sang à jeun, tension, température.

Lors le bruit va croissant jusqu'à son paroxysme
Le petit déjeuner distribué à neuf heures,
Ensuite tout se calme, on va dans la ferveur,
Préparer la 'Visite' vécue comme un séisme !

Enfin c'est la grand-messe le groupe d'hommes en blanc
Dans un grand brouhaha progresse dans le couloir,
Valse de blouses blanches sentences péremptoires,
Notées avec grand soin par tous les étudiants.

De l'auguste orifice tombent les diagnostics
Assez vagues toutefois pour n'être pas contredits.
Mandarins tout puissants qui firent mai soixante huit,
Qui en sont revenus , ou sont jamais partis !

Mais après leur départ le silence retombe
Comme une parenthèse dans cette agitation .
Moment de réflexion, moment de dépression,
Le navire se ferme alors comme une tombe.

Ce répit est rompu par le grand déjeuner.
Pour le manque d'appétit, promesses de sévices !
Le verbe haut des femmes préposées au service,
Apporte de la vie à ce monde alité.

L'après-midi se passe dans le long va et vient
Des familles en visite sagement entassées
Au chevet du malade, certainement flatté
De ce vedettariat, inquiétant néanmoins !

Et puis ils s'en iront faisant beaucoup de bruit,
Le dernier repas pris dans un monde tranquille,
Et dans le crépuscule qui tombe sur la ville,
Le grand paquebot noir appareille pour la nuit.

Bob
: Nantes le 07/07/07

Aucun commentaire:

Table